Publications | 16 janvier 2010
La foi et la raison, dans le cas de la pensée chrétienne et plus particulièrement catholique, non seulement se contredisent aujourd'hui moins que jamais, mais la question même de leur supposé conflit n'a aucun sens et ne devrait même pas se poser. Peut-être peut-on perdre la foi (selon l'étrange expression reçue), mais sûrement pas parce qu'on gagne en raison. Il se pourrait que l'on perde en foi, parce qu'on imagine la raison incapable de comprendre une part - et une part décisive, la plus décisive même - de ce que notre vie nous fait expérimenter. Très vite, on fait la part du feu : la raison ne comprend pas tout, il faut donc admettre des espaces immenses qui restent incompréhensibles et irrationnels ; on les abandonne à la croyance et à l'opinion ; et, bientôt, on renonce définitivement à penser ce que nous avons déjà expulsé du champ du pensable. De ce sommeil de la raison, surgissent alors des cauchemars - idéologiques. Ainsi la séparation entre foi et raison, trop vite tenue pour allant de soi et toute naturelle, naît-elle d'abord d'un défaut de rationalité, de la capitulation sans combat de la raison devant l'impensable supposé. Mais si l'on ne perd pas la foi par excès de pratique de la rationalité, il se pourrait au contraire qu'on perde souvent en rationalité, parce qu'on exclut trop vite la foi et le domaine qu'elle dit ouvrir (en l'occurrence celui de la Révélation). Nous perdons de la raison en perdant la foi.