Publications | 15 octobre 2012

Du "non-autre" au "tout autre", par Jean Greisch

L'hypocrisie, dit Levinas, n'est pas seulement un vilain défaut moral, c'est aussi le profond déchirement d'une civilisation écartelée entre deux héritages distincts : celui des philosophes grecs et celui des prophètes bibliques. Adoptant une démarche plus problématique que doxographique, ces leçons analysent les traces qu'une autre « hypocrisie » a laissé dans les théologies philosophiques de la modernité. Elle oppose et relie deux registres de nomination : « l'Absolu » et « Dieu ». L'enquête débute avec le « Non-autre » forgé par Nicolas de Cues dans le dernier de ses dialogues philosophiques. En interrogeant successivement la façon dont Descartes, Spinoza, Kant et Schelling ont redéfini l'absolu et les conséquences qu'ils en ont tirées pour la formulation de la question de Dieu, il s'agit de préparer le terrain au « Tout-autre », décliné de différentes manières dans les Miettes philosophiques de Kierkegaard, la théologie dialectique de Karl Barth, la phénoménologie du sacré de Rudolf Otto et, plus près de nous, chez Heidegger et Derrida. Ce parcours historique débouche sur l'hypothèse d'après laquelle le questionnement contemporain nous place au carrefour de trois questions également décisives : où est Dieu ? qui est Dieu ? comment vient-il à l'idée ?

Dernière mise à jour :

Il y a moins d’une minute

Administration