Publications | 9 février 2022
Cet ouvrage propose de souligner le passage de l’être à la lettre en mettant l’accent sur la rupture avec l’ontologie. Il décrit le mouvement allant de l’un à l’autre dans une sorte de « séparation liante » (AHN, p. 185) qui n’implique guère de reniement – ni d’un côté ni de l’autre. Il ne propose pas de synthèse, mais une autre distribution d’accents. Dans un premier temps, l’auteur s’interroge : cette façon de penser conduit-elle Levinas « hors du champ de la philosophie » ? Puis il met Levinas « à l’épreuve de l’autre », en le confrontant – toujours à partir de la perspective judaïque – à des auteurs tel que Rosenzweig sur les questions de l’éducation, Meschonnic sur la modalité du sacré, Blanchot sur l’être Juif, Janicaud au sujet du tournant théologique qu’il aurait imprimé à la phénoménologie, ou encore Benny Lévy sur l’attachement marqué de Levinas au « grec », à savoir à la philosophie. Toutefois, l’originalité de l’ouvrage réside dans la comparaison à des auteurs beaucoup moins connus dans notre espace européen : à Leibovitz pour lequel le judaïsme est une « religion revendicative », assignant l’humain aux commandements ; à Israël Salanter – fondateur du Moussar à Kovno, en Lituanie ; au rav Soloveitchik sur la question de la halakha. Mais aussi à un penseur étonnant et tonique, Daniel Epstein qui nous a livré, en hébreu, une présentation magistrale, précise et en nuances.